Avec Amina Zakhnouf, Ileana Santos a co-fondé, « Je m’engage pour l’Afrique », un incubateur de politiques publiques citoyen engagé pour le développement du continent. En deux ans, l’incubateur compte déjà de belles réalisations et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin dans son ambition de faire émerger une nouvelle génération de jeunes engagés pour l’Afrique. Explications !
Attaches Plurielles : Comment est né « Je m’engage pour l’Afrique » ?
Ileana Santos : L’idée est venue de deux constats : les nouvelles générations sont particulièrement actives, concernées et créatrices de valeur, mais elles ne sont pas assez conviées aux tables de réflexion du débat public entre l’Afrique et l’Europe. À cela, s’est ajoutée une réalité : les rouages et complexités de la politique publique ne sont pas maîtrisés par tous. Avec Amina Zakhnouf, ma co-fondatrice, nous avons démarré cette aventure avec l’ambition de donner à chaque citoyen intéressé par les relations euro-africaines et par le développement de l’Afrique, un espace qui donne du sens et de l’utilité à son parcours, tout en mettant ses compétences et ses convictions au service de l’intérêt général.
A.PL. : Qui sont Ileana Santos et Amina Zakhnouf, co-fondatrices de « Je m’engage pour l’Afrique » ?
I.S. : J’ai la chance d’avoir monté cette aventure avec Amina. Je suis née à Lomé, elle à Marrakech. Toutes les deux, nous sommes arrivées en France pour nos études, il y a une dizaine d’années, elle à Sciences Po, moi en droit puis en Ecole de commerce. Le hasard de la vie a fait que nous nous sommes rencontrées dans un cabinet de conseil parisien en janvier 2020. Ensemble, nous sommes convaincues que l’Afrique dont on rêve, n’est pas uniquement résiliente mais excellente et performante. À notre échelle, c’est notre devoir de nous engager !
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A.PL. : Qu’est-ce qui fait la légitimité de JMA comme « 1er incubateur de politiques publiques citoyen engagé pour l’Afrique » ?
I.S. : Simplement parce que les politiques publiques appartiennent au public ! Dans moins de 30 ans, à l’horizon 2050, 35 % des jeunes dans le monde seront africains. Notre responsabilité, dès à présent, est de donner à chaque citoyen intéressé par le développement de l’Afrique, un espace pour mettre ses compétences et ses convictions au service du collectif et d’impliquer le secteur privé dans cette démarche. Si nous ne le faisons pas, personne ne le fera à notre place.
A.PL. : Votre ambition est de « faire émerger une nouvelle génération de jeunes engagés pour l’Afrique ». Qu’est-ce qui (va) différencie(r) cette nouvelle génération de l’ancienne ?
I.S. : D’abord, nous avons les outils pour nous exprimer et prendre notre place dans le débat public. Encore plus après le COVID, il est possible de s’organiser et de créer des coalitions autour d’enjeux clés pour le développement du continent africain. Les réseaux sociaux et les médias viennent faciliter ces nouvelles modalités d’engagement. Ensuite, parce que nous avons un accès facilité à la connaissance et donc notre ouverture au monde, notre capacité à innover et à porter des projets devient infini… Enfin, d’ici 10 ans, 100 millions de jeunes Africains seront sur le marché de l’emploi. Ça ouvre des perspectives de croissance et de développement immense !
« Nous avons les outils pour nous exprimer et prendre notre place dans le débat public…»
A.PL. : Vous avez trois programmes majeurs : La Résidence JMA, Les Taskforce JMA et L’École de la Délibération. Concrètement, comment ces programmes concourent-ils à mobiliser les jeunes au service de l’Afrique ?
I.S. : Nos actions reposent sur un triptyque : idées, talents et formation. Notre modèle consiste à nous inspirer du Policy Cycle pour construire un cercle vertueux d’idéation, de mise en lumière et de vulgarisation des politiques publiques pour transformer la relation Europe-Afrique et le continent.
Ainsi, notre programme d’idéation consiste à se saisir d’une problématique majeure pour l’Afrique et proposer des solutions concrètes (sur le financement des économies, sur l’environnement, les relations euro – africaines). Ces idées sont ensuite portées par les premiers concernés : les jeunes actifs, les experts, les entrepreneurs et les membres de la société civile qui, ayant bénéficié des Taskforces JMA, en deviennent les ambassadeurs et porte-paroles. C’est aussi l’occasion pour eux de s’ouvrir à un nouveau monde de négociation et de mise en valeur de leur place dans l’espace public. Enfin, ces porte-paroles jouent ensuite le rôle de vulgarisation auprès du grand public en apportant ce savoir, via un parcours d’apprentissage sur la participation politique et comment porter ces convictions. Cette action se concrétise dans l’École de la Délibération, une action de terrain qui permet de faire émerger les besoins des jeunes et des bénéficiaires finaux de l’action. Ceux-ci viennent directement abreuver la réflexion des prochaines résidences et publications.
« Les entreprises ont un rôle sociétal très important pour relever les défis de l’emploi et de la transition environnementale. »
A.PL. : Vous avez lancé un appel à candidatures pour votre Résidence 2023 qui va se tenir sur le thème de l’attractivité des villes africaines. Qui est concerné ? Et comment faire pour vous rejoindre ?
I.S. : Les 23 et 24 juin prochains à Paris, à l’issue de 6 semaines de formations et de réflexions d’une cohorte de 15 à 18 jeunes Africains et Européens, Je m’engage pour l’Afrique invite les entreprises, les investisseurs publics et privés, et les collectivités territoriales à repenser l’attractivité des villes africaines.
Pour plus d’informations, sur la Résidence, ceux qui sont intéressés peuvent aller sur le site : https://www.jmafrique.org/residence2023-appelacandidature. Pour s’inscrire, il faut tout juste candidater via ce formulaire https://urlz.fr/lucV avant le 19 mai 2023.
A.PL. : Agir sur les politiques publiques en proposant des solutions concrètes, c’est en résumé votre objectif. N’avez-vous pas peur que votre ambition se heurte à des politiciens qui, souvent en Afrique, font peu de place aux jeunes ou ne les écoutent que peu ?
I.S. : C’est un risque qui est réel. D’une part, sur le continent africain, les entreprises ont un rôle sociétal très important et nous sommes convaincus qu’elles sont indispensables pour relever les défis notamment de l’emploi et de la transition environnementale et écologique. D’autre part, je rencontre chaque jour des entrepreneures et des entrepreneurs qui innovent et qui malgré les freins administratifs et / ou politiques arrivent à créer des changements positifs sur le continent.