La Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) a présenté, mardi 3 décembre 2024 à Rabat, une étude sur la complémentarité des chaînes de valeur entre les entreprises du continent, à l’occasion du Forum de la PME Africaine, organisé par le patronat en partenariat avec la Banque Africaine de Développement (BAD).
Annoncée il y a quelques mois par la CGEM, l’étude sur la complémentarité des chaînes de valeur a été révélée au Forum de la PME Africaine, en marge de l’Africa Investment Forum organisé à Rabat par la BAD. Elle arrive à point nommé dans la mesure où en termes d’intégration, l’Afrique est à la traîne comparée aux autres régions du monde.
Le continent ne contribue en effet qu’à hauteur de 3% au produit intérieur brut mondial et pour cause, 14% seulement des exportations de biens du continent se déroulaient entre pays africains en 2022, un taux bien en deçà de celui de l’Europe (68%), de l’Asie (59%) et des Amériques (54%).
Pourtant, le continent dispose de nombreuses ressources humaines et naturelles : l’Afrique représente 17% de la population mondiale ; 39% de la population mondiale de jeunes de moins de 20 ans se trouve sur le continent ; 60% des terres arables non exploitées dans le monde et 30% des réserves naturelles du monde sont en Afrique.
12 freins au développement économique africain
Ce potentiel reste cependant très inexploité à cause de plusieurs freins. L’étude présentée par la CGEM en a identifié une douzaine. Cela va de « niveaux de productivité faibles » en passant par « un réseau électrique peu fiable et des tarifs lourds à supporter », « un accès insuffisant au financement externe », « des coûts de transport élevés et une situation sécuritaire non propice », « une mise en œuvre insuffisante des accords commerciaux » à « une mauvaise perception des biens et services fournis au sein du continent africain ».
A cela, il faut ajouter le fait que le tissu économique dominé à 90% par les MPME (micro, petites et moyennes entreprises) disposent de moyens limités. Pis, « 52% des PME en Afrique ont des besoins en financement externe ».
Pour remédier à cela, la Confédération Générale des Entreprises du Maroc a pris son bâton de pèlerin pour initier une intégration africaine à l’échelle des entreprises sur des secteurs cibles qui sont ressortis de son étude sur la complémentarité des chaînes de valeurs.
« Le Maroc peut représenter une véritable plateforme de développement des PME du continent en mettant à profit sa connectivité maritime avec les performances du port de Tanger et la construction du port de Dakhla Atlantique et de Nador West Med ; sa connectivité aérienne avec la Royal Air Maroc qui dessert une quarantaine de capitales africaines ; sa connectivité routière avec l’axe Tanger-Dakar ; et sa connectivité financière avec la présence de banques marocaines dans 26 pays », a affirmé Chakib Alj, Président de la CGEM.
Dans beaucoup de pays, nous avons les matières premières essentielles mais elles sont transformées ailleurs avant de revenir sur le continent.
Textile, automobile, agroalimentaire, électrique et électronique
Revenant sur la genèse de l’étude sur la complémentarité des chaînes de valeur entre entreprises africaines, Abdou Diop, Président de la Commission Afrique de la CGEM et Managing Partner Forvis Mazars au Maroc, a expliqué sans ambages que « le constat est que sur beaucoup de chaînes de valeur, la quote-part de l’Afrique est très faible, parce qu’au-delà de la production de matières premières, on ne contribue qu’à hauteur de 1,9% de la production industrielle mondiale. Dans beaucoup de pays, nous avons les matières premières essentielles mais elles sont transformées ailleurs avant de revenir sur le continent. Nous avons donc cherché, à travers cette étude, les chaînes de valeur où le continent était arrimé au reste du monde à travers le Maroc et nous avons identifié 4 secteurs : l’électricité et l’électronique, l’automobile, l’agro-alimentaire et le textile ».
Sur les quatre secteurs identifiés, l’étude a fait ressortir 9 chaînes de valeur africaines : les vêtements en coton (Textile) ; les produits de la mer ; le sucre ; le cacao ; le cajou (Industrie agro-alimentaire) ; la batterie ; la carrosserie ; le pneu (Automobile) et les câbles en cuivre (Electricité et Electronique).
Comment, concrètement, articuler cette complémentarité des chaînes de valeur régionales à forte valeur ajoutée et à fort impact social sur les populations pour une intégration économique continentale renforcée ? Nous y reviendrons dans un dossier spécialement dédié. Quant aux entrepreneurs présents au Forum de la PME Africaine, ils avaient déjà commencé à plancher sur le sujet à travers des tables rondes dédiées.