Afro Food Business au Maroc

Beaucoup d’opportunités et autant d’enjeux

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La première édition de l’Afro Food Fest au Maroc, tenue le 20 mai, a été l’occasion de discuter des enjeux et des opportunités du business lié à la gastronomie africaine dans le Royaume, avec les acteurs du secteur…

Joindre l’utile à l’agréable, c’est ce à quoi ont eu droit les participants à la première édition de l’Afro Food Fest, organisé par le président de l’Union Marocaine des Arts, Mohamed Berryane El Ouazzani, et l’entrepreneure en communication digitale, Lindsey Kamara.

L’événement, qui s’est tenu à l’American Arts Center Casablanca, a débuté par la diffusion du documentaire « High on the Hog : How African American Food Transformed America », suivie d’une conférence sur le thème : « Afro Food Business, enjeux et opportunités au Maroc ».

Normes et logistique

Un moment riche en enseignements notamment sur l’importation au Maroc de produits de base de la cuisine subsaharienne. Abdellah Sajid, un des rares entrepreneurs dans le secteur, importateur de la marque « Attiéké Choco » depuis la  Côte d’Ivoire, a fait savoir que ce n’est pas chose aisée que de s’y lancer. Et pour cause, « il est difficile et onéreux d’acheminer des produits par conteneur depuis la Côte d’Ivoire ou l’Afrique subsaharienne vers le Maroc. Logistiquement, c’est compliqué et à cela, il faut ajouter le fait que la plupart des produits ne sont pas fabriqués selon les normes douanières marocaines et de l’Office National de Sécurité Sanitaire des produits Alimentaires (ONSSA) », a-t-il fait savoir.

Intervenant sur les standards de fabrication, que ne facilite pas la faible industrialisation du continent, Sandia Nassila, Food, Beverage, Entertainment & Lifestyle Manager au sein du groupe hôtelier ONOMO, a salué le fait que des acteurs locaux commencent à investir dans l’importation de produits répondant aux normes. « Pour un groupe comme ONOMO, c’est très important de pouvoir se fournir auprès d’acteurs ayant des produits répondant aux normes pour pouvoir mettre encore davantage en valeur la gastronomie africaine ».

De gauche à droite : Daryl Oye Mba, Abdellah Sajid, Jawad Bennani et Sandia Nassila

Diversification et livraison

Abdellah Sajid, lui, n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. En plus de l’attiéké, il a créé sa propre marque de riz qu’il distribue auprès des épiciers subsahariens installés dans différentes villes du Maroc mais principalement dans les quartiers Oulfa et Sidi Maarouf à Casablanca.  L’entrepreneur compte élargir sa palette de produits alimentaires importés d’Afrique subsaharienne, en se lançant dans la fourniture d’épices, d’huiles mais également de café, entre autres (plus d’informations dans son interview à venir).

Sa démarche a également été saluée par Jawad Bennani, propriétaire du restaurant « Bambou d’Afrique » à Casablanca. « Il y a une réelle demande. Je vous encourage à continuer dans l’importation de produits subsahariens d’autant que vous proposez des prix qui sont toujours moins chers que ceux acheminés par ceux qui font du GP (Gratuité Partielle) qui, en plus du prix d’achat, amortissent également leurs billets d’avion, sans oublier les conditions de transport qui ne répondent pas toujours aux normes ».

Cette conférence était également l’occasion de mettre en avant Whabo Food, la première plateforme de livraison de repas africains à Casablanca. Son co-fondateur Daryl Oye Mba a souligné à l’occasion que « Whabo ne livre pas que pour les particuliers qui font de la restauration mais il collabore également avec des restaurateurs professionnels bien établis dans la place ».

Il s’est réjoui du fait que l’Afro Food Business commence à se structurer au Maroc, un secteur qui, vous l’aurez compris, n’est qu’à son balbutiement, avec autant d’opportunités que d’enjeux.

Rituel du thé mauritanien

Des organisateurs satisfaits

À noter que l’Afro Food Fest s’est poursuivi par une dégustation de plats de différents pays africains, offerte par Whabo, suivie d’un workshop sur l’entreprenariat dans la restauration avant de se terminer sur de belles notes de musique afro.

« Nous sommes satisfaits de cette première édition eu égard à la satisfaction témoignée par les participants. Nous avons été félicités par l’Ambassadeur du Gabon et la Directrice du Tourisme de Côte d’Ivoire au Maroc qui étaient tous les deux présents. Les festivaliers se sont régalés au buffet offert par Whabo Food et le concert du groupe Kalimba Project a fait danser toute la salle y compris le Consul des Etats-Unis à Casablanca qui nous a fait le plaisir de se joindre à nous », nous a confié Lindsey Kamara, la co-organisatrice de l’Afro Food Fest. Elle regrette qu’il n’y ait pas eu beaucoup plus de jeunes Marocains présents à ce rendez-vous mais promet d’aller encore plus à leur rencontre pour la prochaine édition.

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