Industries Culturelles et Créatives

Depuis le Maroc, l’Afrique pose les jalons pour prendre sa part

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L’Université Mohammed VI Polytechnique a organisé, du 10 au 14 octobre, au campus de Benguerir, un programme scientifique et culturel sous le label « The Voice Of Africa-Voix de l’Afrique », en parallèle des Assemblées annuelles de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International. En point d’orgue de ce programme, les Industries Culturelles et Créatives étaient au menu.

Pendant que les grands décideurs du monde se réunissaient à Marrakech pour les Assemblées annuelles de la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International, se déroulait en parallèle, au campus de Benguerir de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), le programme scientifique « The Voice Of Africa » ou la Voix de l’Afrique.

Plusieurs thèmes cruciaux pour l’Afrique ont été abordés durant ce programme scientifique qui a également fait la part belle à des activités réunissant la jeunesse du continent.

« Libérer les Industries Culturelles et Créatives », tel était le thème abordé durant le dernier jour du programme « The Voice Of Africa », en présence des acteurs du secteur, des autorités de tutelle mais également des bailleurs de fonds comme la Société Financière Internationale (IFC).

Intervenant en ouverture de la rencontre, André Azoulay, Conseiller de Sa Majesté le Roi Mohammed VI a d’abord magnifié le cadre que constitue l’UM6P, présidé par Hicham El Habti.  « Nous sommes ici dans un espace qui me rend tellement optimiste pour le Maroc. Nous sommes, ici à Benguerir, dans un Maroc dont nous avons rêvé tellement longtemps et votre université nous donne cette très grande chance de toucher, de vivre, de mesurer ce que mon pays sait faire, ce que mon pays peut faire et ce que mon pays dit et partage avec tous les autres », a d’abord lancé André Azoulay.

La culture génère un peu plus de 3% du PIB mondial et près de 6% du total des emplois que le monde crée.

Affirmant que la rencontre sur les Industries Culturelles et Créatives était aussi celle des voix africaines, M. Azoulay a dit tout « l’honneur pour le Maroc de donner l’espace, l’audience et la capacité à toutes ces voix de s’exprimer toutes ensemble et de s’exprimer sur un univers qui est celui de la culture ».

Jeunesse et patrimoine, des atouts pour l’Afrique

Pour souligner l’importance du sujet, André Azoulay a fait savoir que la culture génère un peu plus de 3% du PIB mondial et près de 6% du total des emplois que le monde crée.

« Il existe plusieurs définitions des Industries Créatives et Culturelles (ICC). Nous, au ministère, nous favorisons une définition large et percutante à la fois : les ICC sont le moyen de faire de la culture et du patrimoine une force dynamique et créatrice d’emplois, de richesses et de liens sociaux », a tenu à préciser Mohamed Mehdi Bensaïd, ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication du Maroc.

Selon l’UNESCO, les Industries Culturelles et Créatives sont constituées de tous « les secteurs d’activité ayant comme objet principal la création, le développement, la production, la reproduction, la promotion, la diffusion ou la commercialisation de biens, de services et activités qui ont un contenu culturel, artistique et/ou patrimonial ».

Faisant savoir qu’« à l’exact croisement de la jeunesse, de la culture et de la communication, il y a les Industries Culturelles et Créatives », M. Bensaid a soutenu que le Maroc et l’Afrique en général peuvent devenir des acteurs majeurs des Industries Culturelles et Créatives. « En Afrique, nous avons ce que fait le socle des ICC : nous avons la jeunesse avide d’apprendre, de créer et de communiquer ; nous avons le patrimoine, un patrimoine riche, pluriel ; nous avons la curiosité et l’audace », a précisé le ministre marocain de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication.

Le Maroc mise sur le cinéma et le gaming

À dessein, le Maroc a décidé de mettre l’accent notamment sur deux domaines des ICC : le cinéma et le gaming. Ainsi, 150 salles seront ouvertes dont les 50 premières le 15 novembre prochain. Ce projet dédié aux salles de cinéma permettra de créer 500 emplois directs outre un chiffre d’affaires annuel de 300 millions de dirhams, d’après Mohamed Mehdi Bensaid.

Sur le gaming, le ministre a également souligné que le Maroc vise un chiffre d’affaires global de 500 millions de dollars à l’horizon 2030.

« Au-delà des chiffres, il y a des réalités plus générales sur lesquelles on parie. Le secteur du gaming est beaucoup moins capitalistique que l’industrie de l’automobile et de l’aéronautique et le Maroc a admirablement réussi dans ces deux domaines. Nous avons les atouts nécessaires pour réussir dans le secteur du gaming car là où, pour l’industrie lourde, il a fallu construire des corridors logistiques et investir massivement dans machines – outils, notre principal investissement dans le gaming est le capital humain et notre principal atout est une volonté claire et explicite », a déclaré Mohamed Mehdi Bensaid.

C’est à force d’investissements et de formation professionnelle que nous prendrons notre place dans le marché mondial.

Cette stratégie, le ministre la justifie notamment par l’importance du marché mondial du gaming évalué aujourd’hui à 300 milliards de dollars mais aussi par le marché marocain qui a généré 47 millions de dollars en 2022.

Investissements, formation et exportation

Des investissements, c’est effectivement ce dont ont besoin les Industries Culturelles et Créatives en Afrique, si l’on en croit Neila Tazi, Présidente de la Fédération des Industries Culturelles et Créatives du Maroc.

« Il devient impératif de créer des synergies africaines à travers plus d’investissements et plus d’échanges commerciaux pour élargir nos marchés respectifs et surtout notre marché commun.  C’est à force d’investissements et de formation professionnelle que nous prendrons notre place dans le marché mondial, parce que les filières des Industries Culturelles et Créatives cherchent à pourvoir des emplois mais nous ne trouvons pas suffisamment de jeunes qualifiés », a-t-elle fait savoir.

Également productrice du Festival Gnaoua d’Essaouira, Neila Tazi a appelé à protéger les droits d’auteur des créateurs, en plus de doter l’Afrique d’une approche volontariste en termes d’exportation. « C’est avec tout cela que les industries culturelles et créatives pourront libérer leur plein potentiel à l’échelle de l’Afrique », a-t-elle dit. Il y a effectivement un énorme manque à gagner pour l’Afrique dans les Industries Culturelles et Créatives. Pour s’en rendre compte, un seul chiffre suffi : l’Afrique ne détient que 0,4% des recettes de l’industrie musicale mondiale qui pèse pourtant 18 milliards de dollars. « Ces chiffres ne correspondent pas à ce que devrait être la réalité puisque nous le savons l’Afrique est le berceau de toutes les musiques », a conclu Neila Tazi. Cela en dit long sur le travail à effectuer sur le continent pour libérer le plein potentiel des Industries Culturelles et Créatives.

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