Projet ITHACA

Faire dialoguer la recherche et les politiques publiques migratoires

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Le 20 juin dernier, au Centre de Conférence d’Ifrane, l’équipe de recherche de l’Université Al Akhawayn d’Ifrane, partenaire du Projet ITHACA (Interconnecting Histories and Archives for Migrant Agency), a organisé un Conseil de politiques publiques international autour de la thématique « Comment faire dialoguer la recherche et les politiques publiques migratoires ? ». Une rencontre riche en enseignements.

Dans le cadre du Projet ITHACA, un Conseil de politiques publiques international a été organisé, en partenariat avec le Collectif des Communautés Subsahariennes du Maroc (CCSM), pour sonder le dialogue entre recherche et politiques publiques migratoires. Financé par l’Union Européenne, le Projet ITHACA regroupe en effet un consortium de chercheurs et d’universitaires d’Europe et de la région Méditerranée, pour collecter, analyser et consolider les récits de migrant(e)s d’hier et d’aujourd’hui.

Au cours de cette session internationale, des chercheurs venus d’Italie, des Pays-Bas, d’Azerbaïdjan, de Suisse, de Tunisie, de Grèce et du Maroc, des acteurs de la société civile, des étudiants ainsi que des membres du Collectif des Communautés Subsahariennes au Maroc, entre autres, ont échangé et débattu sur les opportunités, axes d’amélioration et recommandations pour que la recherche qualitative sur la migration soit au service des politiques publiques migratoires.

Changer la narration sur la migration

« Le Projet ITHACA vise à réaliser une archive de témoignages mais surtout à faire écho aux expériences de migrations, pour changer la narration sur la migration et, par la même occasion, apporter des recommandations sur les politiques publiques migratoires », explique Maria Chiara Rioli, de l’Université de Modène et Reggio Emilia (Italie), Co-coordinatrice du Projet ITHACA.

Tout au long de cette journée riche en échanges, les travaux des différents groupes se sont appuyés sur les conclusions des précédentes sessions des conseils de politiques publiques locaux et nationaux, pour compléter, appuyer, challenger les recommandations, à la lumière des expériences des différentes parties prenantes. « Je suis heureuse de voir que nous sommes nombreux à nous battre pour les mêmes causes, que ce soit à l’échelle nationale ou internationale. Et je suis agréablement surprise de constater les points communs qui sont ressortis des différents groupes de travail, qui viennent de contextes nationaux différents », renchérit Catherine Therrien, Professeure à l’Université Al Akhawayn d’Ifrane et Responsable du Projet ITHACA au Maroc.

La société civile conviée

Ousmane Ba, Président du Collectif des Communautés Subsahariennes au Maroc, et partenaire de cet événement, souligne, pour sa part, l’importance du partage d’expériences : « Vivant au Maroc depuis des années et de par le travail que je mène à Nador au sein d’une organisation qui accompagne les personnes migrantes, j’ai voulu partager leurs vécus et contribuer à l’élaboration de recommandations adaptées à la réalité des migrant(e)s à destination des politiques publiques, pour aller dans le sens de l’amélioration de leurs conditions de vie ».

Le Projet ITHACA vise à réaliser une archive de témoignages mais surtout à faire écho aux expériences de migrations pour changer la narration sur la migration.

Cette rencontre a notamment connu la présence des représentants de la société civile marocaine à l’instar du GADEM (Groupe Antiraciste de Défense et d’Accompagnement des Etrangers et Migrants), mais aussi des représentants d’organisations internationales comme Oxfam Maroc et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR). « Je pense que c’est important de se rencontrer ; nous travaillons tous sur les mêmes thématiques pour protéger et promouvoir les droits des migrants et des réfugiés et c’est nécessaire de faire converger nos efforts pour avoir davantage d’impact », souligne Salma Agnaou, Assistant Protection Officer à l’UNHCR au Maroc.

De son côté, Cyrille Traoré, étudiant de l’Université Al Akhawayn d’Ifrane et Point de contact de AYM4COP (Africa Youth Mobilisation for COP), souligne qu’« à travers cette rencontre, et au-delà des frontières, des cultures et des identités, il y a des personnes qui sont prêtes à agir pour l’humanité. Il y a beaucoup à faire et il est nécessaire de mobiliser toutes les forces vives pour agir ».

Avec l’active participation de l’équipe de recherche de l’Université Al Akhawayn composée de Catherine Therrien, Kenza Oumlil, Catherine Phipps, Rachid Daoudi et El Makhtar Rhannai, et avec la contribution effective de l’ensemble des participants, cette session qui fait suite à un précédent Conseil de politiques publiques sur la représentation des migrants dans les médias, a fait ressortir des éléments de réflexion et des pistes d’amélioration. En effet, les politiques publiques gagneraient à s’appuyer certes sur des recherches chiffrées mais davantage sur la recherche qualitative articulée autour des récits pour mieux prendre en compte la question migratoire. Il serait également opportun d’évaluer davantage la mise en place des politiques migratoires déployées pour mesurer les écarts sur le terrain.

À propos du projet ITHACA

ITHACA est un projet européen qui se concentre sur les récits de migration dans le passé et le présent, en les analysant dans un cadre historique rigoureux, tout en adoptant une approche interdisciplinaire, comparative et transnationale. À cette fin, ITHACA mobilise 11 partenaires issus de pays d’origine, de transit et de destination des migrants en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient. Le projet approfondit les différentes formes de récits sur les migrants et produits par eux, en les considérant comme des agents de changement social, en retraçant historiquement les causes, les transformations et les effets des récits migratoires, et en mettant en lumière les voix réduites au silence. Au cœur du projet, se trouve la création d’une plateforme numérique rassemblant des bases de données sur les récits migratoires passés et présents, et offrant des outils et des applications médiatiques aux décideurs politiques, aux praticiens et aux migrants. ITHACA s’engage également à organiser des activités participatives, artistiques (Lire ici : Traces, un plaidoyer artistique pour les migrant(e)s) et de formation pour favoriser l’engagement des principales parties prenantes, notamment les universitaires, les archivistes, les conservateurs de musée, les praticiens, les ONG, les rapatriés et les migrants potentiels. Ces actions visent à sensibiliser, à informer le débat public et à diffuser des recommandations réfléchies pour les politiques actuelles et futures d’aide, d’autonomisation, d’inclusion et de participation.

Pour plus d’informations, https://ithacahorizon.eu/.

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