Les start-ups africaines connaissent l’une des croissances les plus rapides au monde, une croissance qui pourrait être boostée davantage grâce notamment à l’adoption de technologies de rupture, selon une étude réalisée par la Société Financière Internationale (IFC).
Menée par l’économiste principal au Département de Recherche Economique et Commerciale de l’IFC, Marcio Cruz et ses collègues Mariana Pereira-Lopez et Edgar Salgado, l’étude intitulée « Technologies de rupture et finance : analyse des start-up numériques en Afrique », est axée sur les secteurs de la fintech, du commerce électronique et des technologies de l’information.
Elle aborde trois questions essentielles : « En quoi les start-up africaines se distinguent-elles de celles de la région Amérique Latine et Caraïbes, ainsi que des villes pionnières de la « Tech » que sont Londres, Palo Alto, Seattle et Tokyo ? » ; « Selon leur ancienneté, les entreprises africaines adoptent-elles plus ou moins les technologies de rupture ? » et « L’obtention de financements extérieurs est-elle en lien avec l’adoption de technologies de rupture par les entreprises ? ».
L’étude de l’IFC dresse d’abord un constat optimiste : « l’écosystème des start-up numériques africaines est en plein essor, avec l’une des croissances les plus rapides au monde ».
En 2022, les start-up africaines avaient effectué des levées de fonds record de 5 milliards de dollars.
Précisant qu’une start-up se définit comme une entreprise fondée il y a moins de dix ans, l’étude indique que l’Afrique devient un marché attrayant pour les start-up numériques. Depuis quelques années, les financements ont augmenté fortement dans cet écosystème et nombre d’opportunités demeurent inexploitées, selon l’étude. « Avec davantage de financements, ces structures pourraient créer des plateformes et modèles d’entreprise qui intègrent des technologies de rupture, avec à la clé des solutions abordables et bien conçues synonymes de nouveaux marchés », font ressortir les économistes de l’IFC ayant travaillé sur le sujet.
Financement : l’Afrique connaît la progression la plus forte
En effet, selon les données Pitchbook 2023 mis en avant dans l’étude, en termes de nombre de start-up bénéficiant de financement « la progression en Afrique est la plus forte ». Elle est passée de 100 start-up en 2014 à 1.254 en 2022, alors que dans la région Amérique Latine et Caraïbes, elles sont passées de 100 à 958 sur les huit dernières années contre 443 pour le reste du monde en 2022.
À noter qu’en 2022, les start-up africaines dans leur ensemble avaient effectué des levées de fonds record de 5 milliards de dollars, selon les chiffres du cabinet spécialisé TechCabal. En 2023, la moisson a certes été moins abondante avec 3,2 milliards de dollars mais elle résulte d’une conjoncture mondiale difficile qui va perdurer cette année.
Il n’empêche, l’écosystème des start-up numériques africaines a le vent en poupe, drainé notamment par les centres névralgiques que sont l’Afrique du Sud (2.681 entreprises), le Nigeria (1.909 entreprises), l’Egypte (1.077 entreprises) et le Kenya (809 entreprises). Le Maroc, dans une moindre mesure, a également sa partition à jouer dans ce secteur avec ses 255 start-up numériques.
Technologies de rupture, la clé du financement
L’étude l’IFC a également fait ressortir un rapport étroit entre l’adoption des technologies de rupture et le financement des start-up numériques.
« Concernant le rapport entre l’adoption de technologies et l’obtention de financements extérieurs, on constate que les sociétés africaines enclines aux technologies de rupture ont plus de chances (3 points de pourcentage) de bénéficier de capitaux-risques ou d’investissements en fonds propres que celles qui n’en adoptent pas », précisent les économistes de l’IFC.
« En Afrique, les start-up qui adoptent des technologies de rupture reçoivent 40 % de financements en plus que celles qui n’en adoptent pas, contre 99 % en Amérique latine et 259 % dans les villes pionnières », ajoutent-ils.
Pour obtenir davantage de financement et continuer de croître, les start-up numériques africaines gagneraient donc à adopter des technologies de rupture, ce qui est loin d’être leur cas, exception faite du domaine du paiement mobile. L’étude précise toutefois que les technologies de rupture favorisent la création de nouveaux marchés et permettent, à terme, de prendre le pas sur les entreprises dominantes d’un secteur. Autrement dit : une technologie de pointe n’est pas forcément synonyme de technologie de rupture sauf si elle permet de transformer d’une façon ou d’une autre un marché entier.