Au Sénégal, la digue n’a pas rompu

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Ouf ! Ils ont été, comme moi, nombreux à être soulagés d’entendre le président Macky Sall dire qu’il ne serait pas candidat pour un troisième mandat et que le Sénégal était au-dessus de sa personne. Il était temps, tellement l’incertitude entretenue jusqu’à ce fameux discours du 3 juillet 2023, laissait suinter une odeur de soufre dans un pays habitué à humer de l’air frais, celui de la liberté.

La parole donnée a été respectée et tous les esprits épris de démocratie et imprégnés des valeurs sénégalaises ne peuvent qu’applaudir et se réjouir. En renonçant à être candidat, Macky Sall, en tant que père de la Nation, nous a réconciliés avec nos principes sénégalais qui veulent que les promesses n’engagent pas que ceux qui y croient mais de prime abord, celui qui les fait.

Cela interroge profondément les modèles politiques que nous avons adoptés de l’Occident sans forcément les apprivoiser à l’aune des réalités qui sont les nôtres, sans les adapter à nos us et coutumes.

C’est bien beau d’être au diapason des tendances mondiales quelles qu’elles soient, mais sans l’aptitude de les diluer dans ce qui fonde notre singularité, on échoue lamentablement dans leur intégration, dans leur adoption. C’est l’une des analyses sémiotiques que je tire du discours de Macky Sall.

Arrive-t-il trop tard ? Je ne saurais le dire avec certitude mais je suis convaincu que son adresse à la Nation du 3 juillet aurait pu intervenir plus tôt, pour éviter l’effusion de sang, pour éviter que des institutions comme la Justice soient autant chahutées. Rien n’est pire que la perte de confiance d’un peuple au « chapeau commun » pour paraphraser en wolof ce pouvoir aussi puissant pour être qualifié ainsi.

Oui, Macky Sall va sortir par la grande porte comme on aime à le dire mais son obsession à museler son plus grand opposant, Ousmane Sonko, a fini par saper la réputation des institutions du pays même s’il faut que je le confesse, je n’ai pas toujours été fan des méthodes de Sonko, encore moins des négligences dont il a fait montre pour in fine prêter le flanc pour se faire battre.

Cette confiance perdue en nos institutions, en nos forces de l’ordre, qui ont essayé de justifier l’injustifiable dans le dossier Ousmane Sonko et des émeutes qui en ont découlé, nous mettrons longtemps à la retrouver.

Cependant, reconnaissons au président Macky Sall d’avoir beaucoup contribué à bâtir un Sénégal moderne et d’avoir eu la lucidité de ne pas laisser la digue céder dans un pays qui a basculé comme jamais auparavant dans un climat politique aussi violent, au point de faire des dizaines de morts, chose qui nous était jusqu’ici étrangère. À son futur successeur et à toute la classe politique sénégalaise, je dis ceci : il ne faut jamais essayer de saper les valeurs fondamentales d’un peuple, même la plus élémentaire parmi elles, sinon c’est tout le système qui bascule dans des lendemains incertains.

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