Le monde célèbre la Journée internationale de la langue maternelle le 21 février, un prétexte pour moi, expatrié, de revenir sur l’importance de la transmission de ce pan important de notre identité à nos enfants, nés hors de nos pays d’origine. Si les linguistes s’accordent à définir la langue maternelle comme « la langue qui est parlée à l’enfant à la maison même avant qu’il apprenne à parler », pour moi précisément – et ce n’est pas contradictoire avec la définition donnée ci-dessus – la langue maternelle est celle des parents. Encore faudrait-il que ces derniers aient la même langue maternelle.
Transmettre sa langue maternelle à ses enfants est une préoccupation majeure pour beaucoup de parents expatriés mais ce n’est pas toujours chose aisée d’apprendre le wolof, le baoulé, le diola, le swahili, le bété, le lingala, le bambara, l’ewondo, le mooré, l’éwé… quand nous-mêmes ne parlons pas nos langues maternelles, sous notre toit, pour diverses raisons : un mari et une femme qui ne sont pas de la même ethnie ou du même pays… et qui pour se comprendre parlent souvent le français, une langue que l’on a adoptée parce que l’on a été amené, depuis tout petit, à l’utiliser pour s’instruire, travailler, échanger avec les autres, hors de chez soi. Et c’est donc tout naturellement que l’on inculque ladite langue à sa progéniture.
Un devoir de transmission
Quel que soit le pays d’expatriation, nous faisons d’habitude des pieds et des mains pour que nos enfants maîtrisent bien la langue du pays d’accueil, intégration et école obligent. Il est tout aussi important voire nécessaire d’en faire de même, pour transmettre à nos enfants notre langue maternelle.
Transmettre sa langue, c’est léguer un patrimoine. Quand nous apprenons à nos enfants nos langues maternelles, nous les ancrons dans notre culture, nous maintenons le lien avec leurs attaches originelles. Car autant l’intégration dans le pays d’accueil est importante, autant elle l’est également pour l’enfant dans le pays d’origine des parents. Il n’est pas rare de voir un enfant aller en vacances et ne pas pouvoir communiquer avec ses grands-parents ou avoir du mal à jouer avec d’autres enfants, faute d’avoir appris la langue de ses parents.
Nous avons un rôle central à jouer dans cette transmission en tant que parents mais cela pose aussi la question de ce qui est fait au sein de nos pays pour préserver et perpétuer nos langues orales. Celles et ceux qui nous ont précédé, ont fait l’effort de nous les transmettre et de les maintenir vives. Les initiatives, bien souvent isolées, commencent à se développer, notamment avec les comptines en langues africaines qui sont disponibles notamment sur YouTube. Il en faudra plus puisqu’il en va de l’avenir d’un pan important de notre culture qui commence à disparaître.