À la télévision, à la radio ou dans la presse écrite, ils sont nombreux les journalistes subsahariens exerçant dans les médias marocains. Dans ce dossier – que nous publierons en trois volets –, nous vous ferons découvrir ces voix et plumes des médias marocains venues du Sud du Sahara. Oumar Baldé, Yann Darryll Ngomo et Roland Amoussou, respectivement d’origines sénégalaise, camerounaise et béninoise, font partie des figures respectées du microcosme médiatique. Ils sont tous diplômés de la même école, l’Institut Supérieur de l’Information et de la Communication (ISIC) de Rabat, qui forme l’élite des journalistes au Maroc. Et ils ont également en commun de faire carrière au Maroc.
Oumar Baldé est arrivé au Maroc en 2006, en tant que boursier de l’Etat du Sénégal. Il vit dans le Royaume depuis 17 ans. Rédacteur en chef de La Matinale de Medi 1 TV depuis 2018 et présentateur de l’émission « L’Invité de la Matinale », Oumar est passé par plusieurs autres rédactions marocaines.
« Au départ, ce n’était pas dans mes plans de vivre au Maroc. Je voulais poursuivre mes études ailleurs mais au cours de mes quatre années à l’ISIC, j’ai appris à aimer la simplicité de la vie au Maroc. Je me retrouvais dans beaucoup de choses et dès que j’ai fini mes études de journalisme, les offres se sont enchaînées », explique-t-il. « J’ai commencé à Yabiladi (un site d’information dédié aux Marocains du Monde) en 2010 où j’ai fait un an et demi. Par la suite, j’ai rejoint le mensuel Diplomatica (spécialisé dans la diplomatie et le business) où j’ai fait six mois avant d’être recruté par le quotidien Les Inspirations Éco (un quotidien économique). J’y suis resté de 2012 à 2018 », poursuit Oumar Baldé.
En tant que Sénégalais, je ne me sens pas du tout étranger au Maroc.
Il nous confie ne pas se sentir étranger au Maroc, un pays qui a beaucoup de choses en partage avec le Sénégal, sur le plan religieux, culturel… « Il y a une réelle affinité entre le Maroc et le Sénégal. En tant que Sénégalais, je ne me sens donc pas du tout étranger au Maroc », dixit Oumar.
Il fait remarquer toutefois qu’au début, le fait de renouveler chaque année la carte de séjour l’enquiquinait un peu mais il souligne que depuis la décision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI de permettre aux étrangers vivant au Maroc depuis 5 ans de pouvoir bénéficier d’une durée de carte de séjour d’une durée de 3 à 10 ans, les fardeaux administratifs y afférents sont beaucoup plus légers.
La découverte du continent depuis le Maroc
Depuis le Maroc, il découvre le continent, au gré de ses voyages professionnels, notamment lorsqu’il était au quotidien Les Inspirations Eco. « J’y ai occupé le poste de responsable du « Cahier Afrique », ce qui m’a permis de découvrir et de connaître l’Afrique parce que j’ai eu la chance de visiter plus de 25 pays de toutes les régions du continent, du Caire au Cap, de Dakar à Addis-Abeba en passant par Abuja, le Rwanda, Madagascar… Cette expérience m’a permis de connaître géographiquement le continent mais également sur le plan macro-économique et stratégique », souligne le Rédacteur en chef et Présentateur de Medi 1 TV.
« Nous sommes une chaîne d’info avec différentes tranches : la matinale, le midi et le soir. Moi, je suis dans la tranche matinale donc ma responsabilité, en cohérence avec la ligne éditoriale, c’est de choisir les informations qui passent dans le journal du matin. C’est également de choisir les sujets, écrire les synthés, revoir ce que font les journalistes qui font les reportages ainsi que le contenu du présentateur ou de la présentatrice… C’est un peu lourd parfois comme responsabilité parce que la télévision est un média qui est presque parfait, qui n’accepte pas les erreurs », glisse-t-il en bon connaisseur du petit écran.
La vie entre la télé et la radio
Oumar Baldé n’est cependant pas seulement un spécialiste de la télévision. Depuis un an, il a le plaisir et le grand honneur de présenter l’émission « Co-Emergence » sur les ondes de Medi1 Radio ou Radio Méditerranée Internationale, pour reprendre ses propos.
Interrogé sur le fait qu’il y ait beaucoup de journalistes subsahariens dans les rédactions marocaines, Oumar Baldé, riche de ses 12 ans de métier, affirme que « ce sont des profils très pointus ». Et de poursuivre : « Je pense que le facteur linguistique y joue pour beaucoup parce que la langue française, si elle est parlée un peu partout, elle est bien écrite en Afrique subsaharienne. Je pense que cette bonne base en français fait que les Subsahariens se font repérer là où ils vont. À cela il faut ajouter l’ouverture d’esprit qu’ont les patrons de presse au Maroc qui font confiance aux journalistes subsahariens ».
« Le Maroc, quand on le découvre, on l’aime »
Sur ce que son métier de journaliste lui a appris sur le Maroc et qu’il aimerait partager, Oumar Baldé déclare tout son amour au Royaume : « Ce métier m’a d’abord permis de découvrir le Maroc, que je connais beaucoup plus que mon propre pays, le Sénégal. Et le Maroc, quand on le découvre, on l’aime. On l’aime à travers la diversité de sa culture, à travers la richesse et la diversité de son patrimoine, à travers la diversité de ses paysages ».Et de conclure : « En tant que journaliste économique et financier, j’ai fréquenté une certaine élite et il n’y avait pas de barrière. J’ai apprécié la simplicité des gens, la confiance qu’ils ont en moi en tant que journaliste en me donnant certains scoops, certaines informations parfois sensibles. Ce métier m’a permis d’aimer le Maroc et la manière dont les Marocains ont cette simplicité de vivre avec les étrangers ».