Joana Rocha Moreira, Docteur en Médecine

« Pour faire des études de médecine, il faut être prêt à tout donner »

Temps de lecture : 4 minutes

Originaire des îles du Cap-Vert, Joana Rocha Moreira vient de valider sa thèse de médecine générale et de prêter serment. Elle nous raconte son expérience d’étudiante étrangère au Maroc.

Attaches Plurielles : Pouvez-vous nous parler de votre parcours depuis le Cap-Vert jusqu’à Casablanca pour poursuivre vos études en Médecine ?

Joana Rocha Moreira : Après avoir obtenu mon bac scientifique, j’avais pour ambition de faire des études en médecine. J’ai alors choisi le Maroc en raison des retours positifs que j’avais sur la qualité de l’enseignement. Le visa en poche, je me suis inscrite à la Faculté de Médecine de Casablanca. À mon arrivée au Maroc, j’ai appris qu’il était nécessaire de choisir à nouveau ma filière après six mois de cours de français à Rabat (NDLR : Au Cap-Vert, la langue officielle est le portugais). Pour moi, c’était comme si je reprenais tout à zéro mais je me suis accrochée car la réussite était impérative à mes yeux, surtout en médecine où la sélection est rigoureuse.

Mes débuts à la fac ont été marqués par la nécessité de m’adapter rapidement à l’apprentissage dans une nouvelle langue qu’est le français, d’autant que les examens arrivaient quelques mois après. J’ai dû m’intégrer de manière expresse et préparer les évaluations en un temps très court.

A.PL : Qu’est-ce qui vous a motivée à quitter votre pays d’origine pour poursuivre votre rêve de devenir médecin au Maroc ?

J.R.M : Je n’avais pas du tout envisagé de venir au Maroc, étant donné que je ne connaissais pas ce pays. Cependant, je savais que mon aspiration était de suivre des études de médecine car j’ai toujours voulu aider les autres. Après l’obtention de mon diplôme, j’ai entrepris des recherches pour identifier les pays où des bourses étaient disponibles. J’ai préparé mon dossier pour le Maroc et j’ai été retenue dans le processus de sélection.

A.PL : Quels ont été vos plus grands défis à votre arrivée au Maroc ?

J.R.M : Au niveau de la langue, c’était un peu compliqué mais les similitudes grammaticales avec le portugais m’ont beaucoup aidée. Cependant, le plus grand défi a été de rattraper mon retard par rapport à mes camarades et d’assimiler la culture marocaine.

L’engagement total est essentiel. Même si les résultats ne sont pas parfaits, donner le meilleur de soi-même est primordial.

A.PL : Quelles ont été les difficultés spécifiques que vous avez rencontrées durant votre cursus universitaire ?

J.R.M : En première année, en raison de ma rentrée tardive à la faculté, je me trouvais désorientée quant à la manière d’étudier, car tout était basé sur un système différent, avec des méthodes qui m’étaient inconnues. Passer d’un pays à un autre signifiait adopter une nouvelle approche d’apprentissage et de compréhension, le tout dans une langue étrangère. Ce changement était abrupt et nécessitait une adaptation rapide à un nouveau système. À titre d’exemple, à Casablanca, le système des QCM fonctionnait selon la règle du « tout ou rien ». Certains cours, comme l’anatomie, s’avéraient particulièrement ardus à assimiler.

A.PL : Y a-t-il des moments spécifiques qui vous ont motivée à persévérer malgré les défis ?

J.R.M : Ma première préoccupation était mes études. Chaque année de réussite a été une source de motivation. Cependant, certains services médicaux étaient plus inspirants que d’autres. Par exemple, la néonatologie, bien que difficile, a été formatrice. Malgré les obstacles, la pression positive de la part de certains professeurs m’a incitée à persévérer.

A.PL : Pouvez-vous partager certaines de vos expériences académiques ou professionnelles dont vous êtes particulièrement fière ?

J.R.M : J’ai trouvé le service de chirurgie cardiovasculaire, en troisième année de Médecine, stimulant. La pédiatrie m’a également offert une expérience enrichissante. Le travail avec des professeurs partageant leur savoir m’a beaucoup appris. Mon parcours a été marqué par des stages exigeants, des examens cliniques avec constamment du stress, mais cela m’a préparée à être résiliente en tant que médecin.

A. PL : Avez-vous reçu un soutien particulier de mentors, professeurs ou camarades qui vous ont aidée à surmonter les obstacles ?

J.R.M : À part quelques camarades, je n’ai pas eu de mentor formel. Mon parcours a principalement reposé sur ma propre détermination et l’auto-évaluation régulière pour surmonter les difficultés spécifiques de chaque année.

A.PL : Quels conseils donneriez-vous aux étudiants confrontés à des défis similaires aux vôtres et qui sont liés aux études à l’étranger ?

J.R.M : L’engagement total est essentiel. Même si les résultats ne sont pas parfaits, donner le meilleur de soi-même est primordial. Ne jamais abandonner, toujours persévérer car les premières années peuvent être difficiles.

A.PL : Quels sont vos projets à long terme en tant que professionnelle de la médecine ?

J.R.M : Mes projets sont encore en construction, mais je souhaite me spécialiser et continuer à évoluer dans le domaine médical.

A.PL : Quel terme décrirait le mieux votre voyage du Cap-Vert à Casablanca ?

J.R.M : Résilience.

A. PL : Quel message aimeriez-vous lancer à ceux qui s’inspireront de votre histoire ?

J.R.M : Peu importe les obstacles, avec détermination et engagement, il est possible de surmonter les défis et d’atteindre ses objectifs. Même une moyenne de 10 mérite du respect, car le parcours médical est parsemé d’épreuves significatives.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *