Samba Soumbounou, le parfait exemple d’intégration

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Médiateur culturel et chercheur en Sciences de l’archéologie et du patrimoine, Samba Soumbounou est Mauritanien et vit au Maroc depuis une dizaine d’années. Il parle parfaitement darija et connaît le patrimoine bâti de Casablanca comme sa poche. 

Si vous êtes un habitué de l’ancienne médina de Casablanca, il vous est peut-être arrivé de croiser un jeune noir à la silhouette frêle, au milieu d’un groupe de touristes ou de Marocains, donnant des explications devant les remparts. C’est Samba Soumbounou ! Ce Mauritanien, diplômé de l’Université Hassan II de Casablanca, détenteur d’une Licence professionnelle en Patrimoine et Tourisme Culturel et d’un Master en Ingénierie culturelle et Médiation, sert souvent de guide à l’occasion des Journées du Patrimoine, organisées par l’association CasaMémoire.

Le guide inattendu

Visite guidée à Espace Oulfa, Casablanca. Crédits photos : Samba Soumbounou.

Il en connaît un rayon sur le patrimoine bâti de la ville blanche au point que les Marocains le surnomment « Samba, le Casablancais qui connaît mieux que quiconque Casablanca ». Cela vous donne le pedigree du bonhomme qui ne manque pas d’anecdotes à ce propos notamment celui d’un homme d’un certain âge surpris, un jour de visite de l’ancienne médina de Casablanca organisée à l’occasion des Journées du Patrimoine, que le guide soit un étranger.  « Ce n’est pas possible, ce n’est pas un étranger qui va nous faire revisiter notre histoire », faisait-il, ébahi. Grande aura été sa surprise au final d’autant qu’au fur et à mesure de la visite, « il était étonné de la pertinence des informations que je donnais au point qu’il était certain que je suis vraiment un Marocain. Je lui ai répondu que c’était des choses que j’ai apprises durant mon cursus et, à la fin de la visite, il s’est excusé en disant que j’étais le parfait exemple d’intégration. Depuis lors, on est resté en contact », raconte Samba.

La culture et le patrimoine chevillés au corps

Outre ses activités associatives, il est également fondateur de Kandara’ Lab, villes, cultures, patrimoine. « L’idée derrière cette structure est de faire de la recherche, créer des ponts culturels entre l’Afrique et le Maghreb pour renouer un peu avec cette histoire culturelle en commun entre les deux régions, tout en travaillant sur la sociologie urbaine », indique Samba. Un projet personnel pour celui qui a été chef de projet à CasaMémoire et qui occupe le même poste à Afrikayna, association pour l’échange interculturel, le développement et la coopération en Afrique.

Crédits photos : Samba Soumbounou.

 « Ils font un excellent travail sur tout ce qui touche le développement culturel et artistique en Afrique, notamment des échanges de projets culturels entre le Maroc et le reste de l’Afrique.  Ils ont plusieurs projets parmi lesquels Africa Art Lines qui offre des bourses pour la mobilité des artistes entre le Maroc et le reste du continent », affirme fièrement Samba. Il nous confie que Africa Art Lines lui a permis d’avoir de la visibilité sur la création artistique et culturelle en Afrique, « une création dont on ne parle pas beaucoup », estime-t-il. 

Pour moi, la culture est cette fenêtre, cette porte ou ce medium qui permet aux étrangers de s’intégrer dans ce pays qui nous accueille.

Samba a la culture chevillée au corps, une passion héritée de sa famille, une famille dont les membres sont appelés « les détenteurs du patrimoine culturel ». Naturellement pour lui, « la culture est la clé de l’intégration parce que quand on est étranger dans un pays, on ne nous connaît pas – d’ailleurs le mot étranger vient d’étrange -. Pour moi, la culture est cette fenêtre, cette porte ou ce médium qui permet aux étrangers de s’intégrer dans ce pays qui nous accueille ». Samba de rappeler qu’il ne faudrait pas perdre de vue que le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest partage des liens séculaires, une histoire commune authentique et riche. « La seule chose qui nous permettrait de revisiter cette histoire, c’est justement la culture. On se retrouve tous dans la culture. Nous avons beaucoup à leur montrer et beaucoup à apprendre d’eux », selon le médiateur culturel.

Crédits photos : Samba Soumbounou.

Son aventure avec le Maroc, qu’il aime pour son sens de l’accueil et son hospitalité, est loin d’être finie. Samba, consultant en valorisation du patrimoine, continue de créer des ponts entre le Royaume et l’Afrique. Il prépare actuellement sa thèse, à l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine à Rabat, « sur le patrimoine architectural en terre et le rôle des femmes dans la valorisation de ce patrimoine, en Mauritanie du Sud ».

Portrait chinois de Samba Soumbounou : Si vous étiez…

Crédits photos : Samba Soumbounou.
  • Une couleur ? Bleu
  • Un livre ? Afrotopia de l’écrivain Felwine Sarr
  • Un monument historique ? Une pyramide
  • Un plat ? Le mafé
  • Un film ? La Noire de… du réalisateur Ousmane Sembène… et Black Panther
  • Une chanson ? Yewo, un chant traditionnel soninké… et Sukunyali de Oumou Sangaré

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