Mamadi Condé

Un stratège chirurgical

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Âgé de 30 ans, Mamadi Condé est un jeune Guinéen vivant au Maroc depuis plus de 12 ans. Après avoir débuté sa carrière dans la finance, il est aujourd’hui en charge de la Stratégie chez JESA, l’une des plus grandes sociétés d’ingénierie en Afrique. Celui qui rêvait, enfant, d’être chirurgien, s’est construit un parcours riche et inspirant. 

Mamadi Condé est arrivé au Maroc grâce à une bourse d’excellence obtenue après un baccalauréat en Sciences Mathématiques brillamment réussi (il s’est classé 5e au niveau national). Bénéficiaire d’une bourse de l’Agence Marocaine de Coopération Internationale, il pose alors ses valises dans la ville du Détroit, Tanger. A sa sortie de l’Ecole Nationale de Commerce et de Gestion, son Master en Gestion Financière et Comptable en poche, il ne tarda à trouver un employeur.

« J’ai eu la chance d’avoir trois opportunités professionnelles dont deux au Maroc. L’idée de débuter ma carrière et de surcroît dans un pays à la croisée de l’Europe et de l’Afrique subsaharienne m’a énormément interpellé. De plus, les institutions bancaires marocaines, notamment BANK OF AFRICA, s’inscrivaient à l’époque dans une réelle politique de développement sur le continent et à l’international. Il n’en fallait pas plus pour me convaincre », explique en toute humilité Mamadi Condé, recruté alors par BANK OF AFRICA en tant que Chargé d’Affaires en Financements Structurés.

Un pur financier

Dans le Département Investissements et Financements Structurés de BANK OF AFRICA, il est chargé d’analyser les demandes de financements des entreprises pour les projets relevant de la Région du Grand Casablanca. Il apprend alors « les drivers » du business de l’entreprise, challenge les Business Plan et négocie les financements avec les entreprises.

« Participer au financement de l’économie réelle tout en créant des emplois fut l’une des plus belles expériences de ma carrière », indique Mamadi Condé. Tout en travaillant, il continue à s’instruire et décroche un nouveau Master en Ingénierie Financière à emlyon Business School, avant de rejoindre l’équipe de Développement en charge des Projets d’Augmentation de Capital, d’Acquisition, de Cession et de Restructuration du Groupe BANK OF AFRICA.

« J’ai eu l’opportunité de participer à plusieurs opérations d’augmentation de capital et à des opérations de restructurations de participations dans diverses géographies, sous l’œil vigilant des différents régulateurs. En outre, j’ai participé à l’analyse de plusieurs marchés cibles en Afrique subsaharienne dans le cadre de projets de croissance externe du Groupe », confie Mamadi Condé.

Cette expérience lui permet alors d’en apprendre plus sur les problématiques de gouvernance des entreprises cotées notamment sur les reportings aux régulateurs, aux Conseils d’Administration et aux Comités Spécialisés.

L’aluminium produite grâce à la bauxite de la Guinée, raffinée et fondue avec le gaz du Sénégal, pourrait servir l’industrie automobile au Maroc… 

Après six ans passés dans le secteur bancaire, Mamadi Condé décide de franchir un nouveau cap dans sa carrière en rejoignant JESA, leader africain de la conception, de l’ingénierie, de la livraison de projets et des services de gestion des actifs. Il y est en charge de la Stratégie.

« Grâce au soutien de nos actionnaires que sont les groupes OCP et Worley, notre équipe a la responsabilité de définir une stratégie de développement en Afrique à court, moyen et long termes, dans les secteurs des mines, de l’énergie et des infrastructures. Concrètement, il s’agit pour nous d’identifier les pays, les chaînes de valeur et les archétypes de clients cibles permettant de dupliquer à terme le modèle d’industrialisation du Groupe OCP au Maroc dont JESA fut un des acteurs majeurs », résume Mamadi Condé.

Un spécialiste du secteur minier et énergétique

Quand nous l’interrogeons sur le secteur minier en Afrique, il répond : « le continent regorge en moyenne d’environ 1/3 des réserves minières mondiales avec toutefois une forte concentration en minerais critiques nécessaires à la transition énergétique : 80% des réserves mondiales de phosphates, 79% du cobalt, 41% de la bauxite, 39% du nickel… ».

Mamadi Condé en déduit que dans un contexte de transition énergétique tous azimuts ayant entraîné une demande exponentielle de matériaux actifs à l’instar des minerais raffinés, des cathodes et anodes nécessaires à l’assemblage de batteries et à la production de cellules pour panneaux photovoltaïques, « l’Afrique devrait tirer parti de son potentiel minier et énergétique pour localiser les chaînes de valeur sur le continent et entamer une véritable industrialisation ».

Il suggère ainsi de mettre en place des corridors impliquant plusieurs pays complémentaires. « En effet, l’aluminium produite grâce à la bauxite de la Guinée, raffinée et fondue avec le gaz du Sénégal, pourrait servir l’industrie automobile au Maroc ; ou encore le fer de la Mauritanie, le lithium du Mali et le PPA (Purified Phosphoric Acid, dérivés du phosphate) du Maroc peuvent ensemble contribuer à la fabrication de batteries type LFP (Lithium Fer Phosphate) adressant ainsi les déficits de capacité de production de cathode en Europe ou en Amérique du Nord », disserte Mamadi Condé.

Pour lui, « l’industrialisation permet la création de valeur ajoutée (augmentation de PIB) et d’emplois incontournables pour l’Afrique puisqu’à horizon 2050, le dividende démographique est estimé à plus de 2,5 milliards de personnes dont plus de la moitié âgée de moins de 25 ans ».

Mamadi Condé maîtrise bien son sujet, à n’en pas douter. Ce banquier au départ de sa carrière, aujourd’hui en charge de la Stratégie dans une société d’ingénierie, n’en oublie pas autant sa passion, le football, « un sport qui favorise l’esprit d’équipe tout en aiguisant les qualités de leadership sur le terrain ».

Il entrevoit sereinement son parcours au Maroc où il continue de creuser son sillon, ravi de la dynamique impulsée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, dans le développement des relations entre le Royaume et l’Afrique subsaharienne pour un partenariat sud-sud gagnant.

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