Après 40 jours de jeûne, les catholiques du monde entier ont célébré Pâques, le 9 avril, fête marquant la fin du carême et la résurrection de Jésus. À Casablanca, l’église Notre Dame de Lourdes a refusé du monde, à cette occasion. Reportage.
Il est 11h ce dimanche de Pâques 2023. Le parvis de l’église Notre Dame de Lourdes de Casablanca est bondé de monde. Les fidèles ressortant de la messe de 10h descendent les marches, alors que certains de ceux qui sont venus pour la deuxième messe du jour attendent dans la cour pendant que d’autres se recueillent à la grotte mariale.
Ici et là, on s’embrasse en se souhaitant joyeuses Pâques, sur fond d’alléluia. La dernière note du chant de sortie s’est tue suivie d’une acclamation de joie des fidèles ; ceux qui sont venus pour la messe de 11h peuvent prendre place, sauf qu’il faut entrer vite pour avoir une place, car aujourd’hui, c’est Pâques, la plus importante fête de l’Eglise catholique et l’archevêque du diocèse de Rabat, le cardinal Cristobal Lopez Romero, s’est déplacé spécialement pour dire la messe.
La célébration dure plus que la messe dominicale habituelle parce que Pâques est aussi l’occasion de baptiser les adultes qui veulent embrasser la foi chrétienne et les parents également en profitent pour faire baptiser leurs enfants.
Après la bénédiction finale, le parvis de l’église Notre Dame de Lourdes de Casablanca a « repris des couleurs », les fidèles s’étant mis sur leur 31 avec, pour la plupart, des habits traditionnels de leurs pays d’origine.
Le mal du pays
« La Pâques, c’est d’abord et avant tout la résurrection du Christ donc nous sommes animés par un sentiment de joie. Aujourd’hui est vraiment un jour fête et de joie ! », nous raconte David Edima, un fidèle ivoirien, venu à l’église en famille.
Que Dieu bénisse le peuple marocain qui nous accueille, que la paix soit sur nous et sur tous les peuples du monde entier.
Résidant au Maroc depuis 5 ans, il souligne toutefois que « la différence entre la célébration de la fête de Pâques au pays et la célébration au Maroc, ce sont nos petites traditions : nous avons des tenues dédiées avec des plats spécifiques. C’est une autre ambiance ».
Nostalgie, le mot est finalement lâché par son compatriote ivoirien Jean-Yves Asamoah, également au Maroc depuis 5 ans. « Je sens un peu le mal du pays car il me manque un peu de la joie et de la convivialité qui y règnent en ce moment mais on s’adapte en faisant de petits programmes entre amis même si cette année, on ne peut pas se permettre certaines joies, Pâques coïncidant avec le Ramadan », reconnaît-il.
Maria Ozimo, elle, juge qu’il n’y a pas trop de différence entre célébrer Pâques au Maroc ou au Gabon, son pays d’origine. « Ici, nous avons la chance d’avoir une communauté chrétienne diverse et cosmopolite qui vit bien. Nous célébrons la fête de Pâques en famille, depuis hier (samedi 8 avril, veillée pascale) et cela va continuer aujourd’hui (dimanche jour de Pâques) », avance-t-elle tout sourire. Pour elle, « Pâques, c’est une grande joie, une célébration que tout catholique ne doit pas manquer ».
Chrétiens et musulmans, le jeûne en partage
Pour François Paul Sow, « Pâques, pour nous chrétiens est l’aboutissement de 40 jours de carême. Nous espérons que ces 40 jours de jeûne et de prières ne soient que bénédictions et grâces pour tout le monde, chrétiens, musulmans ou autre confession. Nous avons eu la chance de partager quelques jours de jeûne avec nos frères et sœurs musulmans. Ce sont des moments de communion qui n’arrivent pas tous les jours. Nous prions pour que tout cela soit paix et joie pour nous tous ».
Installé au Maroc depuis plusieurs années, il confie avoir « perdu la notion de fête comme cela se fait au pays ». Pour François Paul Sow qui a des amis sénégalais et d’autres nationalités au Maroc, « durant des fêtes comme Pâques, nous nous retrouvons quelque part pour célébrer ensemble, chez l’un des nôtres, et même si notre famille du pays nous manque, nous avons su recomposer en quelque sorte cette famille, ici, au Maroc ».
Vivre librement sa foi au Maroc, une chance
Conscientes de la chance qu’ils ont de vivre librement leur foi au Maroc, toutes les personnes rencontrées ont souligné la bienveillance des autorités du pays à leur égard, comme le résume David Edima : « Nous remercions Sa Majesté le Roi Mohammed VI et les autorités marocaines parce que c’est leur ouverture d’esprit qui favorise le fait que l’on puisse vivre ici notre foi en toute quiétude ». Jean-Yves Asamoah de conclure : « Que Dieu bénisse le peuple marocain qui nous accueille, que la paix soit sur nous et sur tous les peuples du monde entier ». Alléluia depuis Casablanca !