Vis ma vie de livreur indépendant !

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Casque bien vissé sur la tête, téléphone collé à l’oreille, Habib, Joël, et plein d’autres jeunes subsahariens arpentent les boulevards de la ville blanche pour récupérer et livrer des colis à des particuliers. Ils partagent avec nous leur quotidien, pour le moins rythmé.

Le business de la livraison est devenu, depuis quelques années, un créneau que beaucoup s’arrachent. La crise sanitaire a aussi accentué le fait de faire appel plus souvent à des services de livraison ou à des livreurs indépendants pour nos courses, colis, etc. Pour les Subsahariens, c’est souvent pour se faire livrer des produits venus du pays : bananes plantain, bissap, épices, condiments, tissus, accessoires, etc. acheminés par des convoyeurs particuliers, également appelés « GP » auxquels nous consacrerons un prochain dossier, et qui travaillent en étroite collaboration avec des livreurs indépendants. Nous sommes partis à leur rencontre pour comprendre cette activité qui nous facilite tant le quotidien. 

J’ai compris qu’il ne fallait compter sur personne et que seul le travail paie.

Habib Kane est Sénégalais et vit au Maroc depuis 3 ans. Pour lui, se lancer dans la livraison a été une aubaine dans une grande métropole comme Casablanca où la demande est très importante. « J’ai choisi le secteur de la livraison car j’ai remarqué que nous sommes dans une région où le commerce marche très bien, surtout en cette période de Ramadan », témoigne-t-il. À califourchon sur sa moto, il brave tous les jours la circulation de Casablanca, qu’il pleuve ou qu’il vente, pour livrer les paquets qui lui sont confiés.

« C’est un métier prenant et risqué, je prends toujours le soin de travailler avec des personnes en qui j’ai confiance et m’assure toujours de ce que je transporte…Alhamdoulilah, je m’en sors surtout quand on parvient à identifier une clientèle et à la fidéliser en faisant preuve de sérieux, de rigueur et surtout de flexibilité », ajoute-t-il. 

Pour Habib, la livraison est un travail qui lui permet aussi de s’affirmer et d’avoir confiance en ses capacités. « Mon intégration au Maroc m’a permis d’être indépendant et d’avoir confiance en moi…J’ai compris qu’il ne fallait compter sur personne et que seul le travail paie », affirme-t-il.

J’aime être au contact des gens, c’est donc tout naturellement que je me suis lancé dans la livraison.

Même son de cloche chez son compère ivoirien, Joël Bi Gotre Bo, qui vit au Maroc depuis 2018. Joël était déjà actif dans la livraison en Côte d’Ivoire. « J’aime être au contact des gens, j’aime être en mouvement. C’est pour cela que tout naturellement j’ai commencé à faire de la livraison », nous confie-t-il. Et d’ajouter : « Quand je suis arrivé au Maroc, il n’y avait pas beaucoup de livreurs subsahariens. Je n’avais pas encore les moyens mais j’avais l’idée et grâce au soutien d’un mécène, j’ai pu me lancer ».

Depuis, et après avoir été concierge à El Jadida à son arrivée, Joël vit de son métier grâce à son réseau de clients qu’il a su construire petit à petit. « Au début, je faisais du porte à porte au niveau des immeubles où habitent des subsahariens pour leur proposer mes services de livraison. Je suis également parti voir des commerçantes de produits locaux chez qui je m’approvisionnais pour ensuite les proposer à mes clients », renchérit Joël.

Pour lui, le métier de livreur fait gagner dignement sa vie : « Quand j’ai débuté, on n’était pas encore très nombreux, j’arrivais à gagner 4000 à 5000 Dirhams par mois. La concurrence est devenue plus rude, maintenant j’arrive difficilement à gagner 2500 Dirhams par mois ».

Des risques inhérents au métier

Habib comme Joël vivent les mêmes difficultés liées à l’exercice de leur métier de livreur. « Notre métier implique, des fois, des accidents mais, comme je suis assuré, j’arrive à m’en sortir. Le plus dur c’est de faire du chiffre et de boucler ses fins du mois…de façon pérenne », explique Joël. Pour Habib, la gestion des clients est un challenge au quotidien : « Il m’arrive très souvent de faire des déplacements sous la pression des clients, surtout en cette période, et une fois sur place, le client ne paie que la moitié du tarif, ce qui ne nous facilite pas la tâche ».

Malgré toutes ces péripéties, les livreurs indépendants tracent leur chemin et gagnent leur vie en exploitant les créneaux et opportunités qui s’offrent à eux. Ils contribuent, à leur échelle, à l’écosystème économique, au sein de leur pays d’accueil et de leur pays d’origine.

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