Dans notre précédent édito, nous formulions le vœu que, pour l’année 2024, les États africains décident enfin de faire bloc pour un seul objectif : le développement du continent qui regorge de tout mais manque cruellement de beaucoup !
En amont, nous faisions remarquer, à juste titre, l’allongement de la liste des pays en proie à des coups d’Etat sur le continent avec les putschs au Gabon et au Niger, venus s’ajouter à ceux ayant eu lieu au Burkina Faso, au Soudan, en Guinée et au Mali.
Le début de l’année 2024 est venu conforter le fait que nous ne nous étions pas trompés en souhaitant une Afrique plus stable politiquement pour que les questions de développement puissent focaliser toutes les attentions.
Hélas ! Les incertitudes sur le continent, du moins dans sa partie ouest-africaine, continuent de s’amonceler au grand dam des peuples. Le Mali, le Burkina et le Niger, trois pays dirigés par des militaires putschistes ont décidé, fin janvier, de quitter, « sans délai », la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui leur a infligé de lourdes sanctions.
Quelles seront les conséquences d’un tel retrait ? Les mois qui viennent permettront d’y voir plus clair. Une chose est certaine d’emblée : la question de la libre circulation des personnes et des biens ainsi que celle liée à la résidence ne devraient pas se poser, du moins en l’état actuel des choses, car le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont également membres de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), qui offre ces mêmes avantages aux ressortissants des pays membres.
Autrement dit : regroupés au sein de l’Alliance des Etats du Sahel, ces trois pays ont décidé de tourner le dos à la CEDEAO, lui reprochant d’être à la solde de puissances étrangères notamment la France, qui n’est plus en odeur de sainteté avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Au même moment, ils offrent pourtant l’hospitalité à des mercenaires de Wagner qui sont loin d’être des enfants de cœur, étant ainsi sous la férule de la Russie, sous-couvert de lutte contre le terrorisme au Sahel. Il y a clairement une dichotomie qui ne dit pas son nom car sinon comme comprendre le fait de vouloir se débarrasser de la tutelle française tout en se mettant sous la coupe de la Russie.
Des zones d’ombres subsistent dans la décision de l’Alliance des Etats du Sahel de quitter la CEDEAO et de l’avis de certains spécialistes elle a été présidée par le fait que ces trois pays s’étaient engagés auprès de l’organisation à un retour à une gouvernance civile en 2024 et ne font que repousser l’échéance de la transition.
Au Sénégal, c’est une autre échéance qu’a voulue retarder le Président Macky Sall, en abrogeant le décret convoquant le corps électoral, à seulement quelques heures de l’ouverture de la campagne présidentielle dont le scrutin était prévu le 25 février 2024.
Au prétexte d’éviter à son pays une crise post-électorale, il a voulu juguler un problème au sein de sa coalition politique en utilisant les institutions de la République, créant un précédent dans cet îlot de stabilité, qui a malheureusement beaucoup vacillé ces dernières années sous son magistère. Il a été rappelé à l’ordre par une décision du Conseil Constitutionnel lui demandant d’organiser l’élection présidentielle « dans les meilleurs délais », ce à quoi il s’est engagé. Voir le Sénégal sortir de cette situation qui a bien entamé son image serait une incertitude de moins dans un continent qui a besoin plus que jamais de certitude politique endogène.