Le Sénégal, un exemple de démocratie, un îlot de stabilité… ce mantra avait fini par agacer plus d’un, ces dernières années parce que ce qui se déroulait dans ce pays ressemblait plus à de la dictature qui ne disait pas son nom, avec des manifestants tués sans que les bourreaux ne soient identifiés et entendus ; avec des opposants muselés dans les geôles ; des voix éteintes par peur de finir derrière les barreaux pour un délit d’opinion ; et in fine par une décision de reporter l’élection présidentielle à quelques heures du début initial de la campagne électorale.
C’est à ce macabre spectacle que l’on assistait au Sénégal, ces dernières années et ces derniers mois plutôt qu’à l’habituel concert de louanges démocratiques donné jadis par les chancelleries et les institutions internationales.
Tout a été ourdi, à la limite sans voilure, pour éliminer l’adversaire le plus en vue du régime en place, Ousmane Sonko, pour en somme « réduire l’opposition à sa plus simple expression » pour reprendre les propos de MackySall, alors président du Sénégal.
Ses velléités hégémoniques pour ne pas dire dictatoriales ont fini par avoir raison de lui parce qu’il a été obligé par le Conseil Constitutionnel de revenir sur sa décision de reporter l’élection présidentielle, avec à la suite le vote sanction, mais pas que, qui a fini par emporter son successeur désigné et faire triompher un candidat de substitution, en la personne de Bassirou Diomaye Diakhar Faye.
Le Sénégal par-dessus tout ! Ainsi, pourrait-on résumé l’analyse de l’élection présidentielle sénégalaise ayant vu un candidat de l’opposition l’emporter dès le premier tour (54,28%) pour la première fois, un satisfecit historique.
Oui, le Sénégal est une référence démocratique en Afrique. La mobilisation du peuple, qui a débouché sur la victoire de Bassirou Diomaye Faye, sorti de prison quelques jours auparavant, démontre que les Sénégalais n’attendaient que la voie constitutionnelle pour exprimer leur vote.
Le peuple a été poussé dans ses retranchements et éprouvé dans sa chair mais il n’a pas cédé ni brûlé ce qu’il avait de plus précieux : son pays, attendant les urnes pour orchestrer sa libération.
Dans cette entreprise, un homme a joué un rôle clé qui, je l’espère, créera des émules en Afrique et à travers le monde, en opposant un projet au « système ». Dans un continent où l’on voue un culte aux leaders des partis politiques autour desquels tout tourne, Ousmane Sonko : acculé, humilié et éliminé de force par un appareil à la solde, a eu la grandeur et l’humilité de proposer d’autres compagnons pour porter le projet dont il a été la figure de proue. Il nous a ainsi donné une leçon : la chose qui importe le plus ne doit pas être à la merci de celle qui importe le moins. Et dans son cas précis, le projet qu’il a tant vanté a été plus importante que sa personne d’où le triomphe sans conteste de Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Et c’est cela la principale leçon du dernier scrutin présidentiel sénégalais où un peuple et un parti politique se sont (re)trouvéspour dire : le Sénégal par-dessus tout ! Il doit en être ainsi pour tous pour tout pays démocratique.