Quand Kaïs Saïed banalise le racisme anti-noir…

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La sortie malheureuse du président tunisien Kaïs Saïed à l’endroit des « hordes de migrants clandestins » subsahariens échoués dans son pays, sur leur route vers l’Europe, n’est pas digne d’un humain doté de bon sens, encore moins du statut qui est le sien. Président ! Encore plus malheureux : avec sa sortie, il a libéré la parole des racistes au-delà même des frontières de son propre pays.   

En faisant croire que la présence des migrants subsahariens clandestins en Tunisie relève d’une « entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie », afin qu’elle soit considérée comme un pays « africain seulement » et la délester de son caractère « arabo-musulman », Kaïs Saïed emprunte la thèse du grand remplacement chère à l’extrême droite française pour gagner les faveurs de personnes pour qui le racisme anti-noir est encore, aujourd’hui en 2023, une simple banalité. 

Kaïs Saïed a délibérément jeté en pâture les migrants clandestins et les subsahariens réguliers en Tunisie. Comment dorénavant se sentir en sécurité dans un pays d’accueil où l’on a fait le choix de venir étudier, travailler quand l’Institution suprême banalise le racisme et met de facto en danger ces personnes en les exposant aux dérives que peuvent induire de tels messages. Cela est indigne d’un président ! 

Il est réconfortant et rassurant, toutefois, de voir une partie des Tunisiens faire comprendre à Kaïs Saïed que la Tunisie est africaine et que le racisme n’y a pas droit de cité comme il ne doit l’avoir dans aucun mètre carré de cette planète. 

Mais que le message de Kaïs Saïed ait des répercussions jusqu’au Maroc au point que, sur les réseaux sociaux, des groupes se créent contre les subsahariens et que certains en viennent à demander : « Les Africains au Maroc, pour ou contre ? » – ce qui est dichotomique, encore faudrait-il que ceux qui posent la question sachent ce que cela signifie – cela préoccupe davantage. Depuis des siècles, les populations se déplacent, migrent, voyagent pour trouver meilleur ailleurs, découvrir la culture de l’autre, fuir des conflits. Le phénomène de la migration ne se limite donc pas à ce que l’on veut bien nous faire croire. Ne cédons pas aux amalgames qui réduisent les migrants subsahariens en Afrique du Nord ou ceux venus du continent vers l’Europe comme source de malheurs ou d’insécurité. Respectons la dignité humaine. Noir, arabe, blanc, ce ne sont que des étiquettes alors faisons preuve d’éthique et aimons-nous !

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