Ne pas trahir notre mission

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Il y a 17 ans quasiment jour pour jour, le 26 juillet 2007, que l’ex-président français, Nicolas Sarkozy, prononçait un discours à Dakar qui avait suscité beaucoup de remous et de critiques de par sa forme et par son fond. L’extrait le plus décrié et fustigé, à juste titre, de ce fameux discours fut celui-ci : « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès ». Soit !

Abstraction faite de l’analyse émotionnelle qui ne peut que rejeter la forme de ce discours, au fond, il contient une vérité, celle de la France de Sarkozy ? A coup sûr ? Celle de l’histoire de l’homme africain ou des hommes africains ? Certainement pas ! Mais, au regard de l’histoire, il contient une part de vérité. Il dénote d’un certain regard, d’une perception tenace que l’histoire n’aide pas à gommer.

De l’esclavage, en passant par la colonisation jusqu’à nos jours, l’Afrique a été vue comme le continent de tous les possibles par les puissances occidentales. Le continent où l’on vient se servir à volonté dans ses ressources abondantes, sans avoir à rendre des comptes. Cette saignée continue même si au gré des époques, elle a changé de forme. Et ce n’est pas la ruée actuelle des pays développés vers l’Afrique où se joue une bataille géopolitique acharnée entre les différentes puissances qui démontrera le contraire.

Pourquoi, à chaque grande étape de l’histoire, l’Afrique n’a pas eu les coudées franches pour totalement se libérer du joug qui pèse sur le continent, l’empêchant de prendre le bon wagon ? C’est peut-être dans la réponse à cette question qu’il faudrait chercher la raison ayant mené Nicolas Sarkozy à dire que « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire ».

Aujourd’hui encore, où un nouvel ordre mondial se met en place, alors que des opportunités ont été créées pour qu’enfin les pays africains prennent leur destin en main, avec la ZLECAf (Zone de Libre-Échange Continentale Africaine) en gestation…les situations politiques dans plusieurs Etats du continent se détériorent, créant des scissions dans les grands blocs qui servaient jadis de fondements quoique imparfaits, comme la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest).

Nous ouvrons ainsi une brèche dans laquelle s’engouffrent déjà ceux qui veulent que le destin de l’Afrique reste entre leurs mains au lieu de faire bloc pour ériger un continent prospère alors que c’est cela notre mission. Les dirigeants d’Afrique, les peuples du continent africain se doivent de la remplir et non de la trahir, pour paraphraser le célèbre penseur martiniquais et militant révolutionnaire Frantz Fanon, qui disait exactement ceci : « Chaque génération doit, dans une relative opacité, affronter sa mission : la remplir ou la trahir ».

Ainsi, l’homme africain entrera un peu plus dans l’histoire ou ne ratera plus l’occasion de monter sur le bon wagon pour enfin, définitivement, prendre lui-même son destin en main.

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