À l’heure où l’ordre mondial se reconfigure, à cause de la guerre en Ukraine et du bras de fer entre les Etats-Unis et la Chine, l’Afrique se trouve à la croisée des chemins. Le continent a plus que jamais l’occasion d’occuper pleinement la place qui devrait être la sienne dans l’échiquier mondial.
Au niveau des institutions internationales, notamment à l’ONU où elle ne dispose pas de pays ayant le droit de véto, l’Afrique commence à faire entendre sa voix, bien que n’étant pas unanime, elle a le mérite de sortir des dynamiques régissant le multilatéralisme depuis des décennies. Les pays du continent se libèrent doucement mais sûrement du diktat imposé traditionnellement par les grandes puissances pour prendre fait et cause pour une partie ou une autre parce qu’ayant les mains liées.
Cette même guerre en Ukraine, qui a révélé que les pays africains pouvaient prendre des positions à rebours de celles des Occidentaux, a également renforcé une prise de conscience, née des leçons tirées de la pandémie de COVID-19. L’Afrique a beaucoup à faire pour assurer sa sécurité alimentaire, énergétique, sanitaire… à condition que chaque pays ne s’aventure pas à faire cavalier seul. Le monde fonctionne en grand bloc et celui du continent reste à constituer.
Les atouts sont nombreux : le continent dispose de 60% des terres arables du monde, il a la population la plus jeune du monde, regorge de réserves d’énergies renouvelables parmi les plus importantes notamment solaires… Les défis sont tout autant importants : le continent est très peu industrialisé et ne contribue qu’à hauteur de 2% à la valeur ajoutée manufacturière mondiale. Il fait face à une récession démocratique doublée d’une résurgence du terrorisme qui a vu son épicentre mondial se déplacer dans sa partie sahélienne. Sans oublier la qualité de l’éducation qui se délite quasiment partout, entre autres maux qui gangrènent l’Afrique.
Faire face à tous ces défis tout en trouvant les moyens de se loger à la même enseigne que l’Europe, les Etats-Unis, l’Asie, la Russie dans les institutions internationales, telle est l’équation que doit résoudre une Afrique à la croisée des chemins. Un virage que nous n’avons pas le droit de rater au regard de l’Histoire !